La dure réalité de ce métier

L’effet d’annonce a été stupéfiant.

Lorsque la réforme a été mise en place, les chiffres les
plus fous ont été annoncés.

A la lecture de ces chiffres, du montant facturé pour les
prestations, quelques-uns ont imaginé les lingots s’aligner dans leur coffre en
Suisse.

La dure réalité est toute autre.

Lorsque le guidage a basculé du secteur public au secteur
privé, ce ne sont plus les administrations qui ont battu la mesure et fait la
musique mais… les donneurs d’ordres. Ceux-ci, au début n’ont pu qu’accepter
les tarifs, mais ont rapidement pris la main en IMPOSANT les tarifs.

Mieux que personne, ceux-ci savent effectivement
parfaitement quel est le « bon prix » pour le guidage.

Il n’est en effet pas difficile à calculer. C’est le juste
milieu entre « le bénévolat » et la limite admissible (pour le donneur
d’ordre !!!) au-delà de laquelle le bénéfice fait sur le dos du guideur n’est
pas assez gros pour s’engraisser. (car lors d’une visite chez un transporteur, j’ai eu connaissance du montant facturé au client… et ce qui m’a été payé !… et la différence est… conséquente)

Lorsque l’on compare les errements antérieurs, les frais
pris en compte dans la prestation de guidage et le mode de calcul des
« donneurs d’ordres », on s’aperçoit qu’il ne paraît pas inconcevable
que les guideurs, dans un proche avenir doivent payer pour avoir l’honneur de
rouler pour ces derniers…

Il est difficile d’imaginer que l’ensemble routier des
transporteurs ne consomme pas de carburant, ne coute rien en péage et que son
chauffeur ne soit pas payé pendant l’approche et le retour et pourtant… c’est
le cas des guideurs et des VP…

Il est difficile d’imaginer que le chauffeur puisse rouler
des heures et des heures sans faire de pauses, sans pouvoir se reposer et être
payé pour des heures de travail à un prix BIEN INFERIEUR au SMIC et pourtant…
c’est ce qui se passe aujourd’hui… pour les guideurs et conducteurs de VP indépendants.

Il serait très réducteur de la part des donneurs d’ordres de
penser que le prix de la prestation va entièrement dans la poche du guideur…
et c’est malheureusement comme cela que certains pensent !

Loin de la réalité, bien loin de la réalité, ils pensent que
nous ne payons pas de charges. Le carburant, les péages, l’entretien de la moto
et son amortissement, l’équipement et le renouvellement de tout cela, les
repas, l’hôtel, tout cela est certainement gratuit… selon eux. La réalité est
toute autre.

Cette attitude, cette façon de penser et d’agir se rapproche
plus de l’attitude de « négriers » que celles de personnes
responsables.

Il est dommage que ces donneurs d’ordres se soient
engouffrés de cette manière dans ce « bon plan » (pour eux) consistant
à faire en sorte de faire « machine arrière toute » et profiter de la
présence de « discounters » prêt à tout pour rouler, (pas longtemps certes
car ils ne pourront payer leurs charges avec les prix qu’ils pratiquent)

Ces donneurs d’ordres prennent le risque de voir un jour une
règlementation leur imposer des dispositions draconiennes alors que le simple
bon sens (repos, prise en charge des frais approche/retour, prix correct payé
au guideur) leur serait bénéfique.

Je pense également qu’ils prennent le risque qu’un procès suite à un accident grave ou très grave, les mettent un jour en face de leur responsabilité.

Je ne sais pas si ce chapitre sera lu (et compris) par des
membres de la FNTR, des décideurs du gouvernement, mais il serait intéressant
que tout ce qui y est dit les interpelle !…

Pour ce qui est des approches… il ne faut pas que la FNTR
raconte des âneries en disant que cela n’existe pas.

Je suis bien placé pour connaître le mode de calcul dans
anciennes prestations… puisque je les ai facturées…

Les approches existent dans le transport de personnes. Elles
sont nommées le « Haut le pas » et prévoient la prise en charge de TOUS
les frais imposés par le respect de la Règlementation Sociale Européenne afin
de pouvoir réaliser une prestation avec prise en charge (ou dépôt des clients)
éloignée.

Un chapitre de plus qui doit aussi faire réfléchir les
candidats prêt à tout plaquer pour faire ce travail. N’écoutez pas le chant des
sirènes… ceci n’est pas une légende… Renseignez-vous donc auprès de guideurs
installés plutôt qu’auprès des gens qui vous vendent du rêve.

Actuellement, celui qui veut faire guideur devra investir
dans le matériel et trouver des clients. S’il travaille « discount »…
il va trouver et rouler mais pas longtemps et couler bien gentiment avec
maison, femme, et enfant (s)… le bonheur quoi !

Celui qui souhaite faire un travail de guideur au tarif
« personne qualifiée » (car quoi qu’on en dise, il s’agît de personnes
qualifiées) ne roulera pas… pour les raisons évoquées plus haut.

Ceci n’est pas un sombre tableau brossé dans le but de préserver « mon emploi ». En ce qui me concerne, je ne vis pas que de cela et j’ai (heureusement !) un autre revenu.

Je fais le choix de ne pas brader ma prestation et je souhaite pour la santé financière de tous ceux qui sont installés et ceux qui veulent le faire, que tout le monde fasse de même.