Un convoi exceptionnel… à tous points de vue

Si nous avons l’habitude de guider des convois exceptionnels que ce soit par le poids, la longueur ou la largeur, il est cependant plus rare qu’ils soient exceptionnels à tous points de vue.

Pour ce qui est des grandes longueurs -de 45 à 55 mètres environ en France-(souvent les pâles d’éoliennes), elles ne sont pas larges et pèsent environ 7 tonnes.

Pour ce qui est de la largeur,  les convois qui dépassent les 7 à 8 mètres sont relativement  rares.

Pour la hauteur, cela ne constitue pas un caractère exceptionnel au convoi (du moins en ce qui concerne la règlementation), la seule limite étant la praticabilité de l’itinéraire (passages aériens des fils, signalisation routière, éclairage public) Néanmoins cela lui confère un côté visuel « exceptionnel »

Pour le poids, à priori rien hormis le nombre de d’essieux n’indique l’importance de la charge d’un convoi. Entre une « boite » vide et volumineuse et le même volume bien rempli, la différence peut être énorme, sans que cela soit visuellement détectable au premier regard.

La conjugaison de ces différents facteurs fait qu’il peut arriver d’effectuer le guidage de convois tels que ceux qui vont suivre.

Notre mission (ou plutôt NOS missions) consiste à effectuer le transfert de pièces destinées à l’industrie pétro-chimique, du lieu de fabrication à un quai de chargement. Elles sont acheminées par voie fluviale jusqu’à un autre quai situé à quelques kilomètres où elles sont déchargées pour être acheminées à destination.

Pourquoi ces « manipulations » ? Tout simplement parce que l’importante hauteur des pièces empêche le transfert par route en raison de tous les ponts qui se situent en travers sur les divers itinéraires possibles…

Il va s’agir pour nous « d’une première » car ces transports vont être effectués par du matériel qu’il n’est pas courant de rencontrer. Ce sont des remorques appelées SPMT (self propelled modular trailers) qui peut se traduire en « remorques automotrices modulaires »

Une armada de grues est mobilisée pour ces opérations sur les divers sites. 300 tonnes, 600 tonnes et 1500 tonnes.

Les journées ou demi-journées vont se succéder afin d’effectuer le transfert de toutes les pièces au gré des possibilités logistiques en matière de levage et transport fluvial.

Une fois les pièces arrivées par voie fluviale sur le quai, au plus près de la raffinerie, elles sont livrées de nuit afin de troubler le moins possible l’activité portuaire et de la zone industrielle.

En effet, ces remorques auto-motrices circulent à une vitesse 5 à 7 km/h  et ceci pour des raisons évidentes de sécurité. Certaines manoeuvres sont très délicates avec des passages au centimètre près et même au « millimètre »…

I M P R E S S I O N N A N T !

Que dire de ce « beau bébé » qui mesure près de 50 mètres de long (soit la longueur d’une pâle d’éolienne), environ 10 mètres de large (soit 28 cm de plus que la longueur de deux RENAULT Grand Espace collés l’un à l’autre) et 10 mètres de haut (soit la hauteur d’un immeuble de 3 étages)

 

Colonne de la nouvelle unité de fabrication de gazole de la raffinerie TOTAL

Nous n’avons pas souvent l’occasion d’effectuer le guidage de telles pièces. Il s’agît de moments forts dans la carrière d’un guideur.

Elle ne se déplace pas sans une logistique énorme. Les voies ne sont pas configurées (largeur, amènagements, signalisation) pour accueillir « naturellement » le passage d’un tel convoi. Aussi, il a fallu démonter des lampadaires, feux et panneaux de signalisation et bien d’autres choses.

Un passage "au millimètre" à la sortie de l'entreprise de chaudronnerie.

 

Il n'y a pas de place pour un autre usager lors du passage d'une telle pièce.

Nous avons mis 6 heures pour effectuer le transfert entre son lieu d’habillage et la raffinerie… distante de 2 kilomètres…

Des manoeuvres délicates afin de s'engager sur la route 2X2 qui mène à la raffinerie.

Dernière ligne droite avant l'arrivée sur site.

Le guidage des modules de jour nécessite une anticipation afin de troubler le moins possible l’activité de cette partie de la zone industrielle. Nous renseignons les usagers sur les possibilités d’évitement, les déviations possibles et prenons l’initiative de renseigner par téléphone le centre d’expédition de RENAULT afin qu’ils puissent renseigner et bloquer les camions en partance lorsqu’ils ne bénéficient plus de la possibilité d’évitement. Cela ne fait pas partie « de nos attributions de guideur » mais nous considérons que ceci est indispensable afin de limiter la gène.

Un des plus gros modules.

La maîtrise des « pilotes » de ces remorques est absolue. Nous sommes étonnés de les voir manipuler avec décontraction ces engins à l’aide de la télécommande.
Lorsque qu’en plaisantant et nous adressant à eux nous lui disons « Beau jouet !!! », le pilote nous répond alors en Français avec un très fort accent Flamand « Petit enfant, petit jouet !, grand enfant, grand jouet !!!… »

Comme il dit : "Petit enfant, petit jouet, grand enfant, grand jouet !!!"

Ce sont au total 7 modules qui sont transférés de jour jusqu’au quai de chargement puis repris de nuit pour leur transfert après déchargement du second quai jusqu’à la raffinerie.

Un tel monstre circulant de jour sur cette partie de la zone industrielle c'est la paralysie assurée de l'activité portuaire !

Nous n’allons pas vous montrer TOUS les modules mais simplement quelques photos révélatrices de la taille et de la nécessité de travailler de nuit pour de tels transferts dans une zone industrielle et portuaire qui ressemble de jour à une véritable ruche.

Un autre module impressionnant.

Des manoeuvres délicates pour passer malgré des infrastructures « génantes »

La colonne est mise en place, les modules le sont au fur et à mesure de l'arrivée sur site.

C’est un aspect très particulier du guidage de convois que nous avons fait là.
Certe nous n’avons que « peu roulé », c’est aux yeux de certains moins intéressant… mais nous avons pu aborder une technique assez rarement usitée.
Des amplitudes de travail assez importantes, de longues attentes dans le « vent froid et humide » Normand… pendant la préparation des remorques, le chargement et l’ajustage de la position de la pièce (équilibrage) c’est aussi cela le travail de guideur !… mais au final… que de satisfactions !